Stephan Huber

Né en 1952 à Lindenberg

Vit et travaille à Munich.

Stephan Huber explore dans son travail l’univers de la montagne reprenant ainsi un motif auquel les arts visuels et la littérature attachent une grande importance, depuis le 18e siècle surtout. Il exploite dans sa représentation / interprétation du paysage de montagne, le pathos e la dialectique du sublime, chère aux romantiques allemands: entre beauté glacée des inaccessibles sommets et terreur liée au potentiel de danger et de catastrophe qu’ils incarnent, entre sentiment d’infini ressenti devant cette Nature créée par Dieu et hostilité de ces memes espaces échappant aux règles et conventions forgées par le monde habitable et civilisé. Longtemps réservée à quelques explorateurs téméraires, la montagne offrait un saisissant contraste avec l’univers normé et rassurant de la société. Aujourd’hui transformée et aménagée en vaste parc d’attraction, vantée par les discours léchés des publicitaires et spécialistes du tourisme, elle semble avoir perdu son potentiel de danger.
Cependant, comme le souligne Stephan Berg, “(...) la représentation de la montagne vise une stratégie double. D’une part, elle glorifie certaine idée selon laquelle la Nature serait sublime d’etre indépendante de l’homme; d’autre part, elle apaise la terreur inhérente dans une image esthétique qui, elle, sera consommable, controlable. (...)” et donc accessible au plus grand nombre.

Les montagnes de Stephan Huber sont tantot fictives tantot des représentations topographiquement exactes de pics existant réellement. Réalisés à partir de moulages en platre, ces pics deviennent des constructions esthétiques maitrisables e maitrisées, des espaces domestiqués, que l’on peut donc disposer sur une étagère (DepositoPo, Biennale de Venise, 1999), prolongement ironique de la perception induite par les pratiques culturelles et touristiques qui se sont développées au fil des sièclees.
”leur taille relative (qui les rend accessible) témoigne d’une sublimité perdue, tout comme le blanc glacé et brillant des glaciers infranchissables revientsur le mode ironique dans le platre blanc des maquettes (...). Le sublime, nous fait comprendre l’artiste, incarne l’idée d’un état absolu qui ne peut se réaliser dans l’image qu’au niveau d’un “comme si”, sous la forme d’une citation ironique.” Dans le prolongement des montagnes, le visiteur se trouve face à une autre petite porte à mi-hauteur sur le mur. Vers le spectateur qui l’ouvre se précipite dans un grondement assourdissant, l’immage vidéo d’une avalanche qui emporte une maison entière (Shit happens)1. Une catastrophe, mais aussi – double dimension du sublime – une image extremement forte et terriblement belle.




1 Stephan Berg, Shit happens / Les emmerdes, ca arrive: sur l’expositon de Stephan Huber au Kunstverein Hanovre


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